Plateforme des ONG Françaises pour la Palestine

Colonies, les chiffres-clés 2020

30 mars 2021

A l’occasion de la Journée de la Terre, la Plateforme Palestine publie les chiffres-clés de l’année 2020 sur la colonisation israélienne en Territoire palestinien occupé.



Population

L’ONG B’Tselem rapporte un nombre estimé de 662 000 colons israéliens en Cisjordanie à la fin 2020 dont près de 220 000 à Jérusalem-Est.

En Cisjordanie (Jérusalem-Est exclue) les colons représentent 13,8% de la population.
Le taux de croissance de la population des colons a augmenté de 42% par rapport à 2010 et a plus que quadruplé depuis 2000.

Le taux de croissance de la population israélienne chez les colons est 68% plus élevé que le taux de croissance général des citoyens israéliens.

Pendant les 4 ans de présidence de Donald Trump aux Etats-Unis, la population de colons a augmenté de13% quand la population générale israélienne a augmenté de 8%.

Beaucoup de colons israéliens sont des colons dits « économiques » attirés par le faible coût de l’immobilier dans les colonies et les aides de l’Etat pour s’y installer (qui peuvent représenter des centaines de milliers de shekels par famille). Ils représenteraient 80% des colons.

Les deux colonies les plus peuplées – Modi’in Illit et Beitar Illit – comprennent à elles seules près d’1/3 des colons (140 053 personnes).Vient ensuite Maale Adumim (plus de 40 000 colons).

12 000 Français vivent dans les colonies

La carte des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.


Construction

Depuis 1967, 280 colonies ont été construites en Palestine dont 138 officiellement reconnues par Israël et près de 150 colonies sauvages (construites sans autorisation du gouvernement israélien). Le PCBS comptait, à la fin 2016, 425 colonies et bases militaires en Cisjordanie. Toutes sont illégales en vertu du droit international.

La bande de Gaza a comporté des colonies jusqu’en 2005 après que le gouvernement israélien ait décidé unilatéralement de les démanteler. On comptait avant cette date 21 colonies et environ 8 000 colons.

Dans les 10 dernières années, le gouvernement israélien a approuvé l’établissement d’une nouvelle colonie officielle – Amichay, construite pour les colons évacués de la colonie sauvage Amona – et a autorisé rétroactivement 17 colonies sauvages.

En 2020, le gouvernement israélien a approuvé ou continué la construction de plus de 12 000 unités de logement dans les colonies selon Peace Now, un record depuis que l’organisation a commencé à documenter ces constructions en 2012.

99,76% des territoires déclarés « terres d’Etat » par Israël ont été attribués aux colonies israéliennes.
Les Palestiniens se sont donc vus attribués seulement 0,24% de ces terres soit 1,625 km2.
Et 80% de ce territoire a finalement servi à l’établissement de colonies israéliennes ou à la relocalisation de communautés bédouines expulsées de force par les autorités israéliennes, laissant finalement en réalité 0,3 km2 aux Palestiniens. La majorité de ces attributions avaient été prévues avant les accords intérimaires de 1995 (Oslo II) qui divisaient le territoire palestinien en 3 zones et cédaient le contrôle de la zone C aux autorités israéliennes, zone où se trouvent la plupart de dites « terres d’Etat ».


Violences

En 2020, l’OCHA a observé des attaques de colons israéliens sur des Palestiniens ayant tué 1 personne, blessé 135, vandalisé 8 789 arbres et 158 véhicules. Entre 2013 et 2016, la police israélienne a clos 91,8% des cas de plaintes contre des violences de colons à l’encontre de personnes ou de biens palestiniens.

Selon Yesh Din, sur 273 enquêtes ouvertes entre 2014 et 2019, seules 25 (soit 9%) ont abouti à une inculpation. L’ONG estime qu’une plainte déposée par un Palestinien en Cisjordanie a 1,9% de chance d’aboutir à une enquête effective avec des suspects identifiés, poursuivis et condamnées.

Lire notre note « La violence des colons en Cisjordanie dont Jérusalem-Est : un terrorisme impuni ».


Économie / produits des colonies

Les colonies contribuent à 4% du PIB israélien.

Les produits des colonies représentent 1% des exportations israéliennes vers l’Union européenne (UE), soit environ 230 millions d’euros. C’est à peu près 15 fois la valeur annuelle des importations de l’UE provenant des Palestiniens.

L’UE est le premier partenaire commercial d’Israël avec des échanges équivalant à près de 36,2 milliards d’euros.

La valeur de la production agricole des colonies de la vallée du Jourdain est estimée à environ 500 millions de shekels (100 millions d’euros) par an.

Plus de 80%des dattes provenant des colonies de la vallée du Jourdain sont destinées à l’exportation.

En 2019, l’ONU estime le nombre de travailleurs Palestiniens dans les colonies israéliennes à 30 000.

Environ 45% des parts de la société Ahava appartiennent à deux colonies, ce qui signifie que les recettes dégagées de la vente des produits Ahava soutiennent directement leur existence et leur développement. Sous la pression de la société civile, Ahava a annoncé en mars 2016 la relocalisation de ses activités de production en territoire israélien. Début 2018 pourtant, on trouvait encore des produits de la marque fabriqués en Cisjordanie. Voir les autres entreprises impliquées dans la colonisation.

En 2020, le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU a publié une base de données a étudié les cas de 112 entreprises liées directement ou indirectement aux colonies israéliennes dont 3 entreprises françaises : Alstom, Egis et Egis Rail (en savoir plus ici). Systra, jusque 2018, était également engagée dans l’extension du tramway reliant Jérusalem-Ouest aux colonies en Cisjordanie.

Plusieurs autres entreprises françaises sont ou ont effectivement été impliquées dans la colonisation israélienne :

5 institutions financières françaises : Société générale, BNP Paribas, LCL (filière du Crédit Agricole), AXA et Natixis (filiale de Banques populaires) soutiennent financièrement des banques et entreprises israéliennes impliquées dans les colonies.

3 entreprises de transports : Systra, filiale de la RATP et de la SNCF, impliquée dans le projet d’extension du tramway de Jérusalem (lequel relie notamment Jérusalem-Ouest à des colonies de Jérusalem-Est), Alstom qui détient 80% de l’entreprise qui a mené le projet de construction du tramway, a fourni les rames du tramway et détient Citadis Israel qui est chargée de sa manutention pendant 22 ans, et enfin Egis Rail qui a remporté un contrat de 11,9 millions d’euros avec la Jerusalem Transportation Master Plan pour aider à la construction et l’expansion du tramway. Egis Rail est une filiale d’Egis Group, détenu à 75% de la Caisse des Dépôts des Consignations, organisme financier public.

Veolia Environnement : sa filiale Transdev possédait l’entreprise Connex Jerusalem qui assure la gestion de la ligne de tramway. En août 2015, Veolia a cédé Connex à des investisseurs israéliens.

Orange  : elle a donné le nom de sa marque à l’entreprise israélienne Partner Communications qui a assemblé plus de 208 antennes et infrastructures en télécommunication en Cisjordanie et dans le Golan. En juin 2015, suite à la publication d’un rapport intitulé « Les liaisons dangereuses d’Orange dans le Territoire palestinien occupé », Orange a mis fin à son contrat avec l’entreprise israélienne.

Consultez les chiffres-clés sur l’économie et la page consacrée à la campagne sur les relations entre la France et les colonies israéliennes « Made in illegality ».


Investissement public

Les colonies sont financées par des fonds publics : au premier trimestre de 2019, le gouvernement israélien a dépensé 111,5 millions d’euros pour les colonies en Cisjordanie occupée, un record en 10 ans.

L’Etat israélien offre en outre aux colons des avantages fiscaux tels que qu’une réduction de taxes de 7%, une prise en charge des frais de transport à hauteur de 75%, l’école gratuite, des subventions sur des prêts (parfois jusqu’à 95% du prix) etc.

Les aides allouées aux entrepreneurs ou paysans s’installant dans les colonies peuvent aller jusqu’à 1 million de shekels (260 000 €) pour une seule personne, même lorsqu’ils s’installent sans autorisation officielle.

Fin 2020, le gouvernement israélien a annoncé l’allocation d’un nouveau budget de 20 millions de shekels (5,12 millions d’euros) aux colonies situées en Cisjordanie en zone C, pour contrôler et cartographier les constructions palestiniennes. Un pas de plus vers l’annexion de facto de ce territoire, où les autorités israéliennes multiplient les démolitions illégales.

Selon une étude statistique de 2015, les colons ont un revenu moyen mensuel de 23 290 shekels par foyer, et sont ainsi en 3e position après les habitants du district de Tel Aviv et du Centre.

En 2013, la liste des localités israéliennes éligibles à des avantages spécifiques désignaient 90 colonies comme « zones de développement de priorité nationale ».

Chaque année, les colonies coûteraient 2,5 milliards de shekels à l’Etat israélien, soit plus de 473 millions d’euros.

Sources :
Al-Haq
Associated Press
B’Tselem
Commission européenne
Conseil des droits de l’Homme de l’ONU
European Council on Foreign Relations
FIDH (Fédération internationale des droits de l’homme)
Haaretz
Le Monde
Le Monde diplomatique
Mediapart
MERIP-Middle East Research and Information Project
Middle East Monitor
PCBS (Palestinian Central Bureau of Statistics)
Peace Now
Yesh Din – Volunteers for Human Rights
Whoprofits.org


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