Billet de blog 29 novembre 2012

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Jérusalem: Israël pousse les Palestiniens dehors

«La revendication constante et légitime des Palestiniens reste de faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur Etat », rappellent ici les organisations regroupées autour de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, qui demandent « une action forte et symbolique de la part de l’UE (...) pour qu’Israël mette un terme à sa politique d’annexion ».

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«La revendication constante et légitime des Palestiniens reste de faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur Etat », rappellent ici les organisations regroupées autour de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, qui demandent « une action forte et symbolique de la part de l’UE (...) pour qu’Israël mette un terme à sa politique d’annexion ».


En 1947, l’Assemblée générale des Nations unies adoptait par sa résolution 181 (II) le Plan de partage de la Palestine, avec un régime international particulier pour Jérusalem, jamais mis en place. 65 ans après, Israël, en poussant les habitants palestiniens hors de la ville, menace gravement la perspective de deux Etats. Une action forte et symbolique de la part de l’UE est nécessaire pour qu’Israël mette un terme à sa politique d’annexion.

Dans un rapport de janvier 2011, les diplomates européens en poste à Jérusalem avaient alerté leurs dirigeants : illégalement annexée en 1967, soumise à la volonté des dirigeants d’Israël d’en modifier les limites territoriales à son profit et d’en contrôler la terre en en chassant les habitants palestiniens, Jérusalem-Est voit s’éloigner la possibilité d’être la capitale de l’Etat de Palestine. Et avec elle, la perspective de deux Etats. L’objectif des autorités israéliennes est en effet de donner à Jérusalem un « caractère juif » et de finaliser ainsi l’occupation de sa partie Est en 1967 et son annexion illégale à Israël. Pour cela, elles ont mis en œuvre toute une série de mesures pour contrôler l’espace et rendre difficiles, voire impossibles, les conditions de vie des Palestiniens, qui représentent 37% de la population totale, dans Jérusalem, .

Rendre la vie impossible aux Palestiniens

Alors que 200 000 colons sont installés dans la vieille ville et dans les grandes colonies, nombre en expansion constante, 13 % seulement de la superficie de Jérusalem-Est sont constructibles par les Palestiniens alors que le nombre d’habitants par mètre carré y est deux fois plus élevé que chez les Israéliens. Il est en outre très difficile pour les Palestiniens d’obtenir un permis de construire. Les Palestiniens sont ainsi contraints de construire sans permis. Les autorités israéliennes prennent prétexte de cette « illégalité » pour détruire ces constructions, estimées à 20 000.

L’inégalité de répartition des équipements publics est aussi frappante entre les deux parties de la ville, alors que les bases d’imposition sont les mêmes : par exemple, près de 90% des rues asphaltées et des égouts se trouvent dans la ville ouest. On retrouve cette inégalité au niveau des services publics : queues interminables devant les guichets, formulaires écrits uniquement en hébreu. Il n’y a, à l’Est, aucun accès spécifique pour les handicapés. Il faudrait enfin souligner l’impossibilité du regroupement familial, les difficultés rencontrées pour déclarer la naissance d’un enfant et les révocations du droit de résidence.

Peu à peu, avec le soutien des autorités israéliennes, les organisations de colons israéliens comme Elad ou Ateret Cohanim grignotent le terrain, non seulement entre les quartiers palestiniens fortement peuplés, mais au cœur même de ceux-ci. Les quartiers de Silwan et de Sheikh Jarrah, au sud et au nord de la vieille ville, en sont une illustration. La prise de possession de l’espace se fait au moyen d’un arsenal juridique inique, dont la loi sur les « propriétaires absents » et cette quasi impossibilité pour les Palestiniens d’obtenir un permis de construire. Une fois installés, ces colons, lourdement armés et secondés par des milices, font régner la peur dans les quartiers palestiniens. La vieille ville subit elle aussi les efforts conjugués des colons et de la municipalité de Jérusalem.

Enfin le mur. Celui-ci coupe Jérusalem du reste de la Cisjordanie et entrave toute relation entre ses habitants palestiniens et leurs proches restés de l’autre côté. Coupés du reste de la Cisjordanie, les Palestiniens de Jérusalem n’ont pas d’endroit où construire. Mais en outre, son tracé a pour objectif de préparer les limites d’un « grand Jérusalem » (1) démographiquement favorable. D’un côté, il englobe les colonies dans et autour de Jérusalem est, dont celles de Gush Etzion au sud et de Maale Adumim. De l’autre, il exclut les habitants palestiniens de nombreux quartiers densément peuplés de la ville, dont les 50 000 résidents du camp de réfugiés de Shufat, dont le statut de résident est à terme menacé.

Mobilisation conjointe

La mobilisation des habitants palestiniens est intacte. En 2011, des manifestations conjointes, de Palestiniens et d’Israéliens, avaient lieu chaque semaine. Aujourd’hui dans le quartier de Silwan, un des plus menacés de Jérusalem-Est, les associations locales sont organisées et dynamiques, chaque manifestation contre les colons est maintenant suivie par plusieurs centaines d’habitants.

La revendication constante et légitime des Palestiniens reste en effet de faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur Etat. Cette question est centrale pour eux. Cela doit nous conduire, en tant que mouvement de solidarité, à agir pour mettre fin à cette situation où les Palestiniens sont petit à petit amenés à quitter Jérusalem-Est. Tous les moyens qui vont dans ce sens sont à utiliser. Parmi eux, le soutien à la résistance populaire non violente des quartiers palestiniens (Silwan, Sheikh Jarrah), la promotion de  coopérations avec Jérusalem Est à l'exemple de la région Ile-de-France, ou des interventions auprès de nos dirigeants.

(1) Les frontières municipales ont été considérablement étendues vers l'est, créant, à partir de 1993, un « Grand Jérusalem ».

Signataires

Claude Léostic, présidente de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine
Danielle Bidard, présidente de l’association « Pour Jérusalem »
Maurice Buttin, président du CVPR-PO (Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient)
André Cirota, président des CEMEA (Centres d'Entrainement aux Méthodes d'Education Active)
Janine Forestier, présidente de Terre des Hommes France
Marie Paule Jammet et Jean Huet, co-présidents de la Fédération Artisans du Monde
Jean-Claude Lefort, président de l’AFPS (Association France Palestine Solidarité)
Renée Le Mignot, co-présidente du MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples)
Roland Lombard, président du CICUP (Collectif Interuniversitaire pour la Coopération avec les Universités Palestiniennes)
Claire Nancy et Eugénie Dossa-Quenum, co-présidentes de la LIFPL (Ligue Internationale de Femmes pour la Paix et la Liberté)
Jean-Paul Nunez et Josette Gazaniga, co-présidents du MIR (Mouvement International de la Réconciliation)
Perrine Olff-Rastegar, présidente du Collectif Judéo Arabe et Citoyen pour la Paix
Christian Schmitz, président de la SIDI (Solidarité Internationale pour le développement et l'Investissement)
François Soulage, président du Secours Catholique-Caritas France
Pierre Stambul et Jean-Guy Greilsamer, co-présidents de l’UJFP (Union Juive Française pour la Paix)
Pierre Tartakowsky, président de la LDH (Ligue des Droits de l’Homme)

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