Pourquoi la Palestine revendique Jérusalem ?

Jérusalem, ville au cœur des tensions israélo-palestiniennes, est depuis des décennies un enjeu majeur dans le conflit qui oppose ces deux peuples. Reconnue pour son importance religieuse et historique, elle est revendiquée à la fois par Israël et la Palestine comme capitale. Cependant, au-delà de la dimension spirituelle, la question de Jérusalem est aussi profondément politique et territoriale. Pourquoi les Palestiniens revendiquent-ils cette ville avec tant d’insistance ? Cet article explore les raisons historiques, politiques et religieuses qui sous-tendent cette revendication.

En bref

La revendication palestinienne sur Jérusalem repose sur plusieurs aspects clés. Historiquement, Jérusalem-Est a été occupée par Israël lors de la guerre des Six Jours en 1967, une annexion non reconnue par la communauté internationale. Politiquement, les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme la capitale de leur futur État. Religieusement, Jérusalem abrite des lieux saints cruciaux pour l’islam, notamment l’Esplanade des Mosquées. Cette combinaison de facteurs explique pourquoi la Palestine continue de revendiquer cette ville malgré les obstacles posés par la colonisation israélienne et le statut controversé de Jérusalem.

Le contexte historique de Jérusalem

Jérusalem est une ville ancienne qui a vu passer de nombreuses civilisations. Son histoire remonte à plusieurs millénaires, avec des périodes d’occupation romaine, byzantine, musulmane et ottomane. Chaque époque a laissé sa marque sur la ville, en faisant un lieu de grande importance pour différentes cultures et religions.

Après la Première Guerre mondiale, Jérusalem est placée sous mandat britannique jusqu’en 1948. C’est à cette époque que le conflit israélo-arabe commence à prendre forme. En 1947, le plan de partage des Nations Unies propose un statut international pour Jérusalem, mais ce plan n’a jamais été mis en œuvre en raison des guerres qui ont suivi entre Israël et ses voisins arabes.

Le plan de partage de 1947 et ses conséquences

En 1947, l’ONU propose un plan visant à diviser la Palestine en deux États : l’un juif et l’autre arabe, avec Jérusalem placée sous administration internationale. Ce plan est rejeté par les pays arabes et déclenche une série de conflits armés entre les forces sionistes et les pays arabes voisins.

  • 1947 : Adoption du plan de partage par l’ONU.
  • 1948 : Création de l’État d’Israël et début de la première guerre israélo-arabe.
  • 1949 : Armistice qui divise Jérusalem entre Israël à l’ouest et la Jordanie à l’est.

La guerre de 1967 et l’annexion de Jérusalem-Est

La guerre des Six Jours en 1967 marque un tournant décisif pour Jérusalem. Lors de ce conflit éclair entre Israël et ses voisins arabes (Égypte, Jordanie et Syrie), Israël occupe Jérusalem-Est ainsi que d’autres territoires comme la Cisjordanie et Gaza. Cette annexion n’a jamais été reconnue par la communauté internationale.

L’annexion de Jérusalem-Est a permis à Israël d’étendre son contrôle sur toute la ville, mais cette occupation est considérée comme illégale par plusieurs résolutions des Nations Unies. La résolution 242 du Conseil de sécurité exige notamment le retrait d’Israël des territoires occupés lors du conflit.

L’importance religieuse de Jérusalem pour les Palestiniens

Jérusalem n’est pas seulement une question politique ou territoriale ; elle revêt également une signification religieuse profonde pour les musulmans. La ville abrite l’Esplanade des Mosquées (Haram al-Sharif), où se trouvent deux des sites les plus sacrés de l’islam : la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher.

  • Mosquée Al-Aqsa : Troisième lieu saint de l’islam après La Mecque et Médine.
  • Dôme du Rocher : Lieu associé au voyage nocturne du prophète Mahomet.

Les colonies israéliennes à Jérusalem-Est

Depuis 1967, Israël a construit plusieurs colonies dans Jérusalem-Est, modifiant ainsi sa composition démographique. Ces colonies sont considérées comme illégales au regard du droit international, notamment par la Cour internationale de justice qui a statué sur leur illégalité en 2004.

Les colonies affectent directement les Palestiniens vivant à Jérusalem-Est en limitant leur accès aux terres et aux ressources. Voici un tableau comparatif montrant les différences entre les droits des Israéliens et ceux des Palestiniens dans cette zone :

DroitsIsraéliensPalestiniens
Droit à la propriétéPlein droitRestreint
Droit à construirePlein droitSévèrement limité
Droit à circuler librementPlein droitSous restrictions sévères (checkpoints)

Les positions internationales sur le statut de Jérusalem

Le statut de Jérusalem est un sujet sensible au niveau international. L’ONU ne reconnaît pas l’annexion israélienne de Jérusalem-Est et continue d’affirmer que son statut doit être négocié dans le cadre d’un accord final entre Israéliens et Palestiniens.

Tandis que certains pays comme les États-Unis ont récemment reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël sous l’administration Trump, d’autres acteurs internationaux comme l’Union européenne soutiennent une solution à deux États avec Jérusalem comme capitale partagée entre Israël et la Palestine.

Les enjeux actuels autour de Jérusalem

Aujourd’hui, les tensions autour du statut de Jérusalem restent vives. Les manifestations palestiniennes contre l’expansion des colonies israéliennes sont fréquentes, tout comme les affrontements avec les forces israéliennes dans la vieille ville ou autour des lieux saints musulmans.

  • 2017 : Reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël.
  • Tensions récurrentes autour du Haram al-Sharif (Esplanade des Mosquées).
  • Négociations stagnantes sur le statut final de la ville.

Perspectives d’avenir pour Jérusalem

L’avenir du statut de Jérusalem reste incertain. Plusieurs solutions ont été proposées pour résoudre ce conflit complexe. La plus courante est celle dite “à deux États”, où Jérusalem servirait simultanément de capitale pour Israël et pour un futur État palestinien indépendant.

Néanmoins, tant que le processus diplomatique reste bloqué par l’expansion continue des colonies israéliennes et le refus mutuel des parties d’accepter certaines concessions clés, il semble difficile d’envisager une résolution rapide du conflit autour de cette ville trois fois sainte.

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