La question de la capitale de la Palestine est un sujet complexe, au cœur des tensions politiques et religieuses qui animent le conflit israélo-palestinien depuis des décennies. Entre Jérusalem-Est, revendiquée comme capitale officielle par les Palestiniens, et Ramallah, où se trouve le siège du gouvernement palestinien, la réponse n’est pas simple. Cet article explore les différentes facettes de cette question, en tenant compte des réalités politiques et historiques qui entourent ces deux villes.
En bref
La Palestine revendique Jérusalem-Est comme sa capitale de jure, en raison de son importance historique et religieuse. Cependant, en raison de l’occupation israélienne et de l’annexion de Jérusalem-Est, c’est Ramallah qui fait office de capitale de facto, où sont situées les institutions gouvernementales palestiniennes. Le statut de Jérusalem reste un enjeu international majeur, avec des positions divergentes parmi les pays et les organisations internationales.
La revendication de Jérusalem-Est comme capitale
Jérusalem-Est est considérée par l’Autorité palestinienne comme la capitale de jure de l’État palestinien. Cette revendication repose sur plusieurs facteurs, notamment l’importance religieuse de la ville pour les musulmans, ainsi que son statut historique en tant que centre culturel et politique palestinien avant 1967. En effet, avant la guerre des Six Jours, Jérusalem-Est faisait partie de la Cisjordanie sous contrôle jordanien.
Les Palestiniens considèrent que Jérusalem-Est doit être la capitale de leur futur État en vertu du droit international. Plusieurs résolutions des Nations Unies, notamment la résolution 242 adoptée après la guerre des Six Jours, appellent à un retrait israélien des territoires occupés, y compris Jérusalem-Est. Cette position est soutenue par une grande partie du monde musulman et par plusieurs pays européens.
Ramallah, siège du gouvernement palestinien
En raison de l’annexion israélienne de Jérusalem-Est en 1980, Ramallah a pris le rôle de capitale administrative de facto pour l’Autorité palestinienne. Située à environ 15 km au nord de Jérusalem, cette ville accueille aujourd’hui les principales institutions politiques palestiniennes, telles que le bureau du président Mahmoud Abbas et plusieurs ministères.
Ramallah a connu une forte croissance démographique et économique ces dernières années. La ville s’est transformée en un centre urbain dynamique malgré les restrictions imposées par Israël sur la construction et le développement dans certaines zones. Cependant, pour les Palestiniens, Ramallah reste une solution temporaire jusqu’à ce que Jérusalem-Est soit libérée et devienne leur capitale officielle.
Le statut international contesté de Jérusalem
Le statut de Jérusalem est l’un des points les plus litigieux du conflit israélo-palestinien. Depuis son annexion par Israël après la guerre des Six Jours en 1967, Jérusalem est sous contrôle israélien complet. Israël considère toute la ville comme sa capitale “une et indivisible”, tandis que les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme leur future capitale.
Cependant, cette annexion n’est pas reconnue par la communauté internationale. La plupart des pays ont leurs ambassades à Tel Aviv et refusent d’accepter Jérusalem comme capitale d’Israël tant qu’aucun accord de paix n’aura été trouvé entre les deux parties. La résolution 478 du Conseil de sécurité des Nations Unies déclare “nulle et non avenue” la loi israélienne proclamant Jérusalem comme sa capitale indivisible.
L’importance religieuse et historique de Jérusalem
Jérusalem revêt une importance religieuse unique dans le monde entier car elle est sacrée pour trois grandes religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Cette dimension religieuse renforce encore davantage les tensions autour du statut politique de la ville.
- Pour les musulmans, Jérusalem abrite le troisième lieu saint de l’islam : la mosquée Al-Aqsa sur l’esplanade des Mosquées (Haram al-Sharif).
- Pour les juifs, c’est là que se trouve le Mur occidental (ou Mur des Lamentations), vestige du Temple d’Hérode.
- Pour les chrétiens, c’est à Jérusalem que se trouve l’église du Saint-Sépulcre, lieu où Jésus aurait été crucifié puis ressuscité selon la tradition chrétienne.
Cette richesse spirituelle fait de Jérusalem un lieu central dans les aspirations nationales tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens.
Les propositions alternatives pour une capitale palestinienne
Afin d’éviter un conflit direct autour du statut de Jérusalem, certaines propositions ont été avancées pour désigner une autre ville comme capitale palestinienne. L’une des idées évoquées dans certains plans de paix était celle d’Abou Dis, une petite localité située à proximité immédiate de Jérusalem-Est.
Cependant, cette proposition a été largement rejetée par les Palestiniens qui considèrent qu’aucune autre ville ne peut remplacer Jérusalem-Est en tant que centre politique et spirituel futur de leur État. Pour eux, tout compromis sur cette question serait perçu comme une trahison à leur identité nationale.
Les positions internationales sur la question
Les positions internationales sur le statut de Jérusalem varient considérablement selon les pays et les organisations internationales. Voici un tableau récapitulatif des principales positions :
Pays/Organisation | Position sur Jérusalem |
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Nations Unies | Soutient une solution à deux États avec Jérusalem comme capitale partagée entre Israël et la Palestine. |
États-Unis (depuis 2017) | A reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël sous l’administration Trump ; a déplacé son ambassade à Jérusalem. |
Union européenne | Soutient une solution à deux États avec un statut spécial pour Jérusalem ; ne reconnaît pas l’annexion israélienne. |
France | Soutient une solution à deux États avec Jérusalem comme capitale partagée ; ne reconnaît aucune souveraineté exclusive sur la ville. |
Russie | Reconnaît Jérusalem-Ouest comme capitale d’Israël mais soutient également que Jérusalem-Est devrait être la capitale d’un futur État palestinien. |
Ces divergences montrent bien combien le statut final de Jérusalem reste incertain et dépendra largement d’un éventuel accord entre Israéliens et Palestiniens.